Passe rail, trains de nuit… sont des sujets moins prioritaires pour le nouveau ministre des transports, Patrice Vergriete, que pour son prédécesseur, Clément Beaune. Le président de la Communauté urbaine de Dunkerque (Nord) plaide pour le retour d’une politique d’aménagement du territoire et propose une convention citoyenne, notamment sur l’avenir des concessions d’autoroutes.
En tant que ministre des transports, quelle est votre priorité : le train, la route, la baisse du trafic aérien ?
C’est la mobilité de tous les Français. Je me méfie toujours des discours qui disent qu’il faut moins se déplacer, ne plus aller à l’étranger. La mobilité, c’est l’accès à l’emploi, c’est aussi le lien social, l’ouverture aux autres et une liberté fondamentale. Il existe certes une mobilité subie, à l’image de la personne qui parcourt 50 kilomètres pour se rendre à son travail ou qui doit se déplacer pour récupérer une pièce administrative. C’est cette mobilité-là qu’il faut réduire.
Et les déplacements aériens aussi ?
Interdire les vacances en Tunisie ou en Grèce ? On peut certes toujours s’interroger sur la pertinence de faire des milliers de kilomètres pour se retrouver dans un club avec des personnes qui nous ressemblent, mais les voyages permettent aussi de s’ouvrir aux autres, de découvrir d’autres cultures. Je viens d’un milieu modeste, je n’avais jamais séjourné à l’étranger avant mes 18 ans. Je sais à quel point cela formate les esprits. A Dunkerque, on a lancé un programme qui permet à tous les jeunes de partir à l’étranger avant 25 ans. Je préfère mille fois m’atteler à décarboner l’aérien plutôt que d’empêcher ces voyages. J’ai très peur d’un monde où les peuples se replient sur eux-mêmes.
Quelles sont alors vos pistes pour décarboner les transports ?
Au total, 95 % des émissions de gaz à effet de serre dans le transport sont générées par la route. Il faut donc avancer très vite sur la voiture électrique, faire évoluer l’énergie qui sert aux bus et aux camions. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi faire des reports vers d’autres modes de transport plus vertueux « climatiquement parlant », comme le transport collectif, le covoiturage.
Le président de la République dit toujours : « J’aime la voiture. » Moi aussi, d’ailleurs. Vous prenez votre voiture, vous allez où vous voulez, quand vous voulez. Sauf qu’à un moment faire autant de kilomètres, ça n’est plus compatible avec la planète. Or, trois quarts des Français sont dépendants de la voiture pour se rendre à leur travail. Alors, comment organiser la fin de cette dépendance ? Comment faire émerger des alternatives, même sur une partie des trajets ? Comment répondre à l’enjeu social du coût de la mobilité ? Ce sont des questions essentielles qui, pour moi, doivent faire l’objet d’une convention citoyenne.
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